LPCG n° 187 : « Le grand fossé... »

éditorial du n° 187

LPCG n° 187

Ce pourrait être l’allusion à une société qui oppose plus qu’elle ne rassemble et dont les illustrations sont chaque jour plus criantes.

Entre citoyens et politiques quand les uns se détournent des attentes et espoirs de ceux qu’ils représentent ; entre salariés et employeurs quand ces derniers ne voient que productivité et baisse du coût du travail au détriment des salaires et de la santé des travailleurs ; entre classes laborieuses et riches possédants dont le rapport richesse/inégalités ne cesse de s’accroitre ; ou encore entre syndicats quand les uns conquièrent des droits et que les autres signent les régressions.

Les exemples de clivages se déclinent à l’infini et certains savent, à l’image du personnage d’Acidenitrix d’Uderzo, exploiter à merveille tous leurs talents pour alimenter les discordes en instrumentalisant les uns et discréditant les autres.

Si on ajoute à cette division subtilement orchestrée, la caporalisation qui semble aujourd’hui bien inspirer nos dirigeants politiques, on atteint des sommets de soumission ! L’expression d’une opposition n’est plus de circonstance, qu’on se le dise ! Et c’en est fini de la contestation dans l’espace public jugée trop subversive : état d’urgence oblige !

L’époque est au consensus voire au chèvrechoutisme et l’heure est, depuis les attentats de novembre, à la concorde sociale. Syndicats et citoyens : garde à vous !

Au Département, notre Président, qui se présente comme un socialiste réformiste, nous a confié être lui aussi étonné de notre liberté de ton sur le terrain de la critique politique et des méthodes peu conventionnelles de SUD (qui s’est autorisé, comble de l’impolitesse, à s’inviter à une réunion !). N’en déplaise à certains mais l’impertinence et la désobéissance sont les lettres de noblesse du syndicalisme. Le contraire s’appelle, pour nous, connivence ou complicité.

Cela n’empêche pas SUD de reconnaitre les avancées de l’administration quand elles existent, de souligner les ouvertures ou de proposer des sujets au débat pour avancer. Notre rôle reste avant tout de refuser la pensée unique, de contredire et de faire preuve de détermination quand il s’agit de défendre l’intérêt commun, les agents et les services publics !