Sud chez le Président du Conseil Général le 3 février : rencontre du 3e type

 

 

 

Le syndicat SUD a rencontré le Président du Conseil général, la vice-présidente en charge du personnel et la DGA du pôle ressources, le 3 février 2012.

Nous avions fixé l’ordre du jour, à savoir la question du « dialogue social » dans la collectivité (fonctionnement et rôle des instances paritaires), celle de l’organisation et du fonctionnement des services (NouvOS, agences, management, règles de recrutement et de mobilité...) et celle du pouvoir d’achat des personnels (régime indemnitaire, journée de carence).

dialogue social à sens unique

tract

Les instances paritaires (CTP, CHS, CAP) sont le lieu privilégié pour porter les avis des personnels (via les syndicats) sur les projets de la collectivité.

L’exemple du CTP est particulièrement révélateur de la politique du CG en la matière, car il touche à des sujets sensibles : le régime indemnitaire, les réorganisations de service, la formation, les dispositifs d’accompagnement social à la mobilité ou encore l’action sociale...

En amont :

Certains dossiers font l’objet de groupes de travail préparatoires au CTP où les syndicats peuvent défendre le point de vue des personnels et, parfois, faire bouger les lignes fixées par l’administration. Ces groupes sont cependant rares et les lignes ne bougent le plus souvent qu’à la marge... Il est à noter que les élus du personnel recoivent les dossiers 10 jours francs avant le CTP.

Nous déplorons que parfois les jeux soient déjà faits, c’est à dire que certains dossiers sont déjà opérationnels avant leur passage en CTP, c’est le cas pour de nombreuses réorganisations de services. Le Président a été sensible à cette problématique et a insisté auprès de la DGA pour que cela ne se reproduise pas. Nous jugerons sur les actes...

Pendant :

Le Président n’assiste jamais aux CTP, il délègue cette fonction à Mme Huon, la vice-présidente, et assume ce choix.

Le CTP n’émet que des avis et le Président n’a aucune obligation de les suivre. Notre pouvoir est bien maigre dans cette « chambre d’enregistrement »... Pour autant, SUD n’hésite pas à porter inlassablement la voix des personnels et à dire les choses qui fâchent, sans nous complaire dans ce jeu de dupes.

Après :

A notre question de savoir s’il regardait la nature des votes des syndicats sur les dossiers présentés, le Président a répondu : « honnêtement, je ne regarde pas les votes des syndicats »...

Le Président nous a aussi confirmé que, quand bien même il s’apercevrait que l’ensemble des syndicats a voté contre un dossier, sa position de départ ne changeait pas. Il est même, selon lui, inutile ensuite de lui écrire ou de solliciter une rencontre, c’est peine perdue, il ne changera pas d’avis.

Ceci confirme que SUD a raison de dénoncer comme une mascarade la soi-disant volonté de « démocratie participative » du CG. Ceci nous conforte aussi dans nos choix stratégiques : seule la lutte collective des personnels en appui aux syndicats peuvent faire changer d’avis ceux qui sont aux commandes de la collectivité.

Ce n’est pas juste pour faire de l’agitation que nous pensons qu’il faut être combatifs, c’est parce que c’est réellement là que se situe le rapport de force. SUD n’est pas le syndicat qui vous fera croire qu’il est uniquement en lui-même une force décisive pour négocier et gagner, ce serait vous tromper. Notre force c’est vous  ! C’est donc notre responsabilité de vous proposer des moyens d’actions collectives, et c’est notre éthique et nos valeurs de défendre vos intérêts et ceux du service public.

désorganisation et dysfonctionnement des services

SUD a fait part de son analyse des problèmes posés par la NouvOS et la mise en place d’agences. Selon le projet politique de la majorité, les agences devaient être au service des autres sites du CG, pour notamment permettre la transversalité et les échanges. Nous avons donc demandé au Président s’il avait conscience que c’était l’inverse qui se passait...

A savoir : une sorte de prise de pouvoir du pôle territoire au travers de la mise en place, par tous les sommets des agences, de projets à tout prix, et ce, sans se poser la question de la pertinence et de la cohérence avec les missions des professionnels de terrain (dont, soit on ne demande pas l’avis, soit on passe outre) et le service public. Tout ceci dans un management par projet du type « rouleau compresseur » (pression, souffrance..) avec écran de fumée (perte de sens, projets d’affichage...) et mise en concurrence des agences entre elles. D’où notre interpellation au Président : jusqu’où cautionne-t-il cette démarche ? Et la contrôle-t-il ?

Face à ce tableau, le Président a indiqué qu’il allait regarder de plus près les projets, voire même demander la mise en place de groupes de travail sur le sujet (la DGA a fébrilement pris note...). Cependant, s’il s’est visiblement inquiété de savoir concrètement comment sa politique était appliquée sur le terrain, il a été moins attentif aux difficultés des agents, parlant d’une « résistance naturelle au changement » mais qu’il fallait bien se résigner à évoluer de toute façon... Visiblement, il se contente de ce qu’il lui est donné à voir...

SUD a resitué les difficultés des agents au niveau de ce qu’ils subissent avec ces nouvelles méthodes de management : délitement du collectif, manque de reconnaissance de leur savoir-faire et de l’étendue des tâches, responsabilisation individuelle des difficultés...

lentement... mais sûrement ?

Sur notre constat d’une absence de règles claires dans les conditions de recrutement et de mobilité dans la collectivité, ainsi que pour obtenir des formations, la DGA a été dans le déni de fond tout en admettant que, sur la forme, il fallait rassembler les règles, qui soi-disant existent, dans un document unique clair et disponible pour tous. C’est bien la moindre des choses !

Un projet RH serait actuellement en cours (cela fait des mois que SUD en a fait la demande au DRH) pour aller dans ce sens. Le Président a convenu quant à lui qu’il serait normal que les courriers de refus précisent clairement les motifs (ce qui n’est pas le cas actuellement ou se passe uniquement à l’oral). Affaire à suivre...

le non-pouvoir d’achat

journée de carence

SUD a expressément redemandé au Président ne pas mettre en place la journée de carence (cf. notre courrier du 16 janvier).

Bien qu’il juge que politiquement ce n’est pas une bonne mesure, le Président a indiqué qu’il ne pouvait que respecter la loi. Les juristes de la collectivité auraient d’ailleurs planché sur le sujet et rien trouvé pour contourner le problème. Pourtant d’autres collectivités ont fait des choix différents...

Le Président s’est cependant dit preneur d’infos des syndicats et, depuis, l’administration a programmé une réunion à ce sujet le 19 mars. Nous espérons que ce n’est pas pour nous dire la même chose !

politique indemnitaire

Dans la droite ligne du « dialogue social » à sens unique, le Président indique qu’il ne reviendra pas sur la décision prise au CTP du 10 janvier, d’accorder uniquement une prime aux cadres grâce aux économies réalisées par le CG suite au gel le point d’indice par l’Etat, mais aussi en conséquence des freins aux avancements lors des CAP. Pourtant un cabinet d’audit de la DRH rejoint notre analyse : ce sont les conditions de travail et le déroulement de carrière qui attirent et motivent les cadres. Cela fait sourire le Président : « vous voyez que les cabinet d’audit sont indépendants... »

Le Président soutient à fond la logique managériale de la collectivité, présentant cette prime comme une nécessité, alors qu’il n’a eu de cesse de rappeler aux personnels d’intégrer la « contrainte budgétaire ». Redistribuer les économies à ceux qui sont déjà parmi les mieux rémunérés et permettre des dépenses inutiles (voyage au Québec...), pendant que tout augmente (énergie, logement, santé...) sauf le pouvoir d’achat : ces choix concordent-ils avec les valeurs affichées par la majorité départementale et sa famille politique ?

Pour SUD cette logique est aussi une des causes de la souffrance au travail  : le Président fait l’étonné et veut des exemples, manière de botter en touche et de mettre en doute notre analyse... Qu’il consulte donc les rapports présentés au CHS par la médecine de prévention et le dernier ILOE où la psychologue du travail fait état d’une trentaine de sollicitations depuis les 2 mois où elle est en poste ! Le Président s’est cependant dit disponible pour recevoir les agents en toute confidentialité... Qu’est-ce que les personnels peuvent en attendre, si de toute façon c’est le point de vue de l’Administration qui primera, comme au CTP ?!