quel avenir pour l’éducation sportive ?

 

 

 

 

A l’occasion de la session départementale des 21 et 22 juin aura lieu un débat sur les orientations de la politique sportive départementale.

La restitution de l’étude du cabinet « Pluricité – Kénéo », qui va servir de base à ce débat porte des constats et des scénarii d’orientation très contestables.

Partant de l’analyse qui en est faite par les Educateurs Sportifs Départementaux (ESD), les travailleurs sociaux et sur la base des valeurs de service public que nous défendons, le syndicat SUD Départementaux 35 est amené à réagir.

Quels publics, partenaires et objectifs ?

tract

Selon nous, la réorientation « recentrage vers les publics vulnérables » de la politique sportive départementale, historiquement déclinée, reconnue et appréciée en « sport pour tous  » est un non-sens si elle se fait à coté ou au détriment d’un service public pour tous.

Une politique ambitieuse d’égalité des chances, pour reprendre les objectifs du Projet Stratégique Départemental (PSD), ne saurait écarter des pans entiers de la population pour ne cibler que certains publics ou pour faire de la réparation des inégalités un objectif qui met hors jeu tout le travail nécessaire de prévention.

L’étude « Pluricité » amène à penser que le soutien et le développement des associations et clubs sportifs en milieu rural ne participeraient pas à l’égalité des chances.

Or, le tissu associatif sportif est le partenaire naturel et incontournable pour mettre en œuvre la politique sportive publique. Ce tissu associatif qui maille le département d’Ille et Vilaine, joue un rôle social, culturel, incontestable, fort et séculaire, à la condition qu’on le soutienne. Un affichage « donnant - donnant » interroge sur la pédagogie à employer et sur le positionnement de ceux qui au final devront recoller les morceaux : les ESD.

Quel métier pour les éducateurs sportifs ?

Sans doute imprégné par l’idéologie dominante, ce cabinet voit l’ESD comme un agent « orphelin… se refugiant… » qu’il faudrait absolument chaperonner. Il en fait un « prestataire de service gratuit sans conditionnalité explicite », succombant aux « effets d’aubaine » mu en « réaction à des besoins » plutôt que porteur « d’initiatives ». C’est totalement méconnaître l’ensemble du travail réalisé par les ESD, c’est aussi, a minima, faire insulte à leur intelligence professionnelle.

En effet, les ESD, à travers leurs projets triennaux (cadre de travail absent de l’étude), déclinent et servent des objectifs éducatifs sportifs et sociaux clairement identifiés. L’étude affirme que ces projets sont un outil exclusif de lien hiérarchique et basés uniquement sur des réalisations.

C’est totalement faux ! Les projets triennaux ne sont pas des outils qui arrivent en bout de chaîne, mais sont les principes directeurs qui guident l’action quotidienne des ESD au regard de la politique 25.

Ce sont bien les projets triennaux qui permettent aux ESD, actuellement et pendant ces deux dernières années incompréhensibles de transition imposée, d’amortir localement la chute stratégique départementale, soulignée par l’étude.

Il est aussi malhonnête de faire le procès aux projets de ne pas correspondre au PSD, ce dernier étant tout récemment réorienté et encore en discussion !

Dans le respect de leur métier, et de l’évolution de leur parcours professionnel, les ESD se disent évidemment prêts à tenir compte dans leurs projets triennaux, d’objectifs nouveaux, transversaux et partagés.

Quelle organisation du travail ?

Le rattachement des ESD aux agences départementales ne doit pas se faire en bridant leur capacité à penser et à agir.

D’une part, leur cadre statutaire (décret n° 2011-605) est clair : les ESD « préparent, coordonnent et mettent en œuvre sur le plan administratif, social, technique, pédagogique et éducatif des activités physiques et sportives de la collectivité ».

D’autre part, leur rattachement aux agences ne leur permet toujours pas d’être pleinement opérationnel : perte d’autonomie diverses, sur-hiérarchisation sclérosante... Problématiques qui sont, paradoxalement aux effets recherchés, tueuses d’initiatives, de transversalité, de réactivité, de proximité.

Rappelons que les ESD et notre syndicat interpellent l’Administration et le Président à ce sujet depuis le 14 mars 2011.

Lorsqu’elle évoque les agences, l’étude Pluricité fait état du rôle de la « hiérarchie » et des « directions ». C’est bien là que se situe le problème. Est-ce l’égalité des chances, sa politique, son pôle qui conduisent la politique sportive départementale ou bien les directions des agences ? Les agences doivent être, selon nous, des outils au service des professionnels de terrain (par exemple favoriser le lien direct entre les ESD et les travailleurs sociaux) et d’une cohérence départementale partagée.

Il y va de la pertinence, de la crédibilité et de l’efficience du service public départemental de cesser d’expérimenter des projets dont le sens et les modalités n’ont pas été travaillés en amont par les agents directement concernés par leur application, et d’envisager leur généralisation avant même d’en avoir fait le bilan.

Au travers de la politique sportive, c’est l’avenir du service public départemental que nous interrogeons : "cibler" des publics pour "en faire moins pour la généralité" et faire des économies, "manager par projets" d’agences au lieu de privilégier l’intelligence et les compétences professionnels des agents… où allons-nous ?

Les Educateurs Sportifs Départementaux et le syndicat SUD demandent :

  • Le droit à l’égalité des chances pour les ESD
  • Le respect du statut des ESD
  • L’étude de l’évolution de leur carrière (réinvestissement des compétences acquises)
  • Des projets triennaux impulsés par les ESD
  • Un réseau métier opérant et renforcé
  • Des agences qui facilitent (mise en lien et en sens, moyens organisationnels et humains...) mais n’imposent pas
  • Le remplacement des départs en retraite.
L’expérimentation de Fougères

A l’initiative de l’Agence Départementale, des enfants suivis par l’Aide Sociale à l’Enfance ont participé, encadrés par des travailleurs sociaux et des éducateurs sportifs, à cinq séances d’initiation sportive.

Cette expérimentation, si elle a permis un affichage de transversalité des services, ne manque pas de questionner sur sa finalité éducative, sportive et sociale.

Quelle est la finalité sociale de réunir entre eux des publics défavorisés au lieu de chercher à les faire participer au tissu associatif existant ? C’est favoriser la stigmatisation plutôt que l’intégration.

Quelle est la finalité éducative et sportive d’une simple consommation, occupationnelle, d’activité ? Cinq séances n’ont aucun intérêt sportivement parlant et présenter ainsi à des enfants des disciplines différentes dans un but d’adhésion est déconnecté de la réalité de l’activité en association.

Où est le questionnement sur ce qui pose problème aux jeunes et à leurs familles pour accéder aux activités sportives (absence de transport vers les lieux d’activité, abscence d’offre spécifique sur leur commune...) ?