établissements et services pour personnes âgées : l’intersyndicale écrit aux parlementaires

Dans le cadre de la journée d’action du 30 janvier 2018, l’intersyndicale d’Ille-et-Vilaine CFDT, CGT, CFTC, FO, UNSA et Solidaires a écrit aux parlementaires pour leur faire part des revendications des personnels des établissements et services pour personnes âgées.


à Mesdames et Messieurs les député-e-s, sénatrices et sénateurs d’Ille-et-Vilaine

Rennes, le 13 février 2018

Partout en France, des dizaines de milliers de salariés, d’agents des maisons de retraite, d’EHPAD, de long séjour et de services à domicile (équipes de SSIAD...) ont répondu à l’appel à la grève nationale de l’intersyndicale et de l’AD-PA, soutenues par de nombreuses associations des familles et de retraités. Un consensus aussi large ne s’était jamais vu ! Il en est de même en Ille-et-Vilaine, six organisations syndicales et une association de famille BVE/BZH (FNAPAEF), à laquelle se joint maintenant une association des professionnelles du maintien à domicile, « association pour les Professionnels du maintien à domicile APMD ».

Le mouvement de grève a été très suivi parce que les salarié-e-s n’en peuvent plus : 31, 8 % de personnels grévistes et assignés selon les chiffres officiels de la DGCS.

Dans le département, Rennes 500 personnes devant la préfecture plus de nombreux débrayages, St Malo 200 plus 60 à l’EHPAD de Quévert, Fougères 100 plus 60 à l’EHPAD association Anne Boivent, Redon 100 plus 30 à l’EHPAD des Charmilles.

Tous les professionnels, quelle que soit leur catégorie, sont arrivés à un point de rupture. Ils n’acceptent plus les conditions de prise en charge et d’accompagnement des résidents et de nos aînés à domicile qu’ils qualifient d’indignes.

Nos revendications sont claires :

  • appliquer les ratios du plan solidarité grand âge de 2006 qui appelle un ratio de 1 personnel pour 1 résident pour les EHPAD hébergeant des personnes âgées en lourde perte d’autonomie ;
  • abroger les dispositions législatives relatives à la réforme de la tarification des EHPAD contenues dans la loi du 28 décembre 2015 ainsi que ses décrets d’application et l’article 70 de la loi de finance de la sécurité sociale ;
  • stopper les baisses de dotations induites par la convergence tarifaire et maintenir les effectifs des EHPAD qui sont à fortiori très insuffisants actuellement ;
  • améliorer les rémunérations des personnels, les perspectives professionnelles et les carrières dans le cadre du statut et des Conventions Collectives Nationales ;
  • dénoncer les effets d’annonce de Madame la Ministre de la Santé, à hauteur de 50 millions d’euros supplémentaires, qui ne répondent en aucune manière a la situation d’urgence que rencontrent les personnels de ces secteurs et les personnes âgées en lourde perte d’autonomie ; un pansement de plus qui ne soigne pas l’abcès ;
  • exiger la refonte totale de la tarification ternaire des EHPAD qui entraîne un reste à charge inacceptable pour les résidents et leurs familles, ceux-ci supportant jusqu’à 60 % du budget de fonctionnement de leur établissement.

L’intersyndicale et les familles demandent un réel changement de politique sociétale et financière pour répondre à l’accompagnement de la perte d’autonomie et du handicap de nos aînés âgés de plus de 60 ans et la reconnaissance à leur juste valeur des professionnels qui les entourent.

Nous demandons la création d’une allocation unique de compensation du handicap et de la perte d’autonomie financée par la solidarité nationale. La maladie et la perte d’autonomie doivent être prises en charge par la sécurité sociale. Lorsqu’un citoyen est victime d’une maladie invalidante, il doit avoir les mêmes droits quel que soit son âge et être accompagné selon ses réels besoins.

Il y a en France 7 200 EHPAD et 10 000 services à domicile qui assurent l’accueil et l’accompagnement de 1,4 million de personnes âgées. Ils emploient plus de 700 000 professionnels. L’application du ratio prévu par le plan solidarité grand âge de 2006 ainsi que l’augmentation du temps passé à domicile nécessite la création de 300 000 postes ! L’enveloppe supplémentaire de 50 millions annoncée fin janvier correspond à moins d’un tiers de poste par établissement et ne couvre pas la nécessaire augmentation du temps passé à domicile ! Le compte n’y est donc pas !

En conséquence, nous vous demandons de :

  • relayer dans l’hémicycle notre appel car il est temps que le gouvernement entende les revendications ;
  • relayer l’appel de l’intersyndicale nationale qui demande à être reçue par le président de la république malgré toute les précédentes sollicitations pour engager des négociations.

Parallèlement nous souhaitons vous rencontrer à votre permanence d’Ille-et-Vilaine afin que vous puissiez entendre nos légitimes revendications.

Faute d’une réponse favorable à cette demande de rendez-vous auprès du Président de la république afin d’ouvrir des négociations avant le 15 février 2018, l’intersyndicale et les associations se verraient dans l’obligation de prendre leurs responsabilités et appelleraient à la grève et à la mobilisation de tous les agents du secteur concerné et des familles, pour la satisfaction des revendications, appel que nous relaierons en Ille-et-Vilaine.